La vulvodynie est une pathologie féminine qui se caractérise par une douleur et un inconfort de la vulve. Mal connue, à l’instar de l’endométriose, la vulvodynie concerne pourtant environ 8% des femmes. Nos conseillers Laprévention vous expliquent les symptômes, détaillent le diagnostic et délivrent des conseils pour améliorer la qualité de vie en cas de douleurs vulvaires.
La vulvodynie : qu’est-ce que c’est ?
La vulvodynie est une atteinte vulvaire dont le principal symptôme est la douleur.
Vulvodynie ou vestibulite : de quoi parle-t-on ?
La vulvodynie est une douleur typiquement féminine, localisée au niveau de la vulve ou d’une partie de cette dernière. Il s’agit du vestibule, la zone située entre les petites lèvres et l’entrée du vagin. C’est pourquoi la vulvodynie est parfois appelée vestibulite, même si l’origine des douleurs n’est pas infectieuse.
Les causes de la vulvodynie sont encore mal identifiées, mais il semblerait qu’elles soient multifactorielles. Cette maladie vulvaire est elle-même mal connue, ce qui mène parfois à une errance diagnostique, rendant la prise en charge complexe. La douleur vulvaire est un sujet tabou, parfois difficile à aborder avec son médecin. Pourtant, exprimer sa souffrance aide à mieux la gérer, notamment si des conseils sont donnés à la patiente, voire un traitement.
Quels sont les symptômes de la vulvodynie ?
Le tableau clinique est variable d’une patiente à une autre. En cas de vulvodynie, la douleur est chronique (elle dure depuis plus de 3 mois) et sans lésion vulvaire apparente. La douleur peut concerner toute la région du vestibule, entre les petites lèvres comprenant le méat urinaire et l’entrée vaginale. La douleur est perçue chez certaines femmes comme une sensation de brûlure, de picotement, de sécheresse ou de coupure. Ces symptômes incommodent inévitablement la patiente.
Les douleurs sont parfois ressenties uniquement avec un contact, lors des rapports sexuels, d’un examen gynécologique, à l’insertion d’un tampon hygiénique par exemple ; ce sont des douleurs provoquées. Des démangeaisons surviennent dans 25 % des cas.
Les différents types de vulvodynie
Globalement, les vulvodynies sont regroupées en deux catégories : la vulvodynie spontanée et la vulvodynie provoquée. Le premier type de vestibulite concerne surtout les femmes adultes présentant des douleurs chroniques sur l’ensemble de la vulve ou une partie seulement. Quant à la vulvodynie provoquée, les douleurs sont déclenchées par certains contextes, notamment les rapports sexuels. Elle touche principalement les jeunes femmes n’ayant jamais eu d’enfant (nullipare).
Diagnostic de la vulvodynie
Les causes et les symptômes étant encore mal connus, les patientes font face à une longue errance diagnostique.
Comment détecter une vulvodynie ?
L’entretien médical est l’un des fondamentaux pour diagnostiquer la vulvodynie. Le médecin interroge sa patiente sur la durée des douleurs, le contexte de leur survenue, les antécédents musculosquelettiques, les traumatismes éventuels (enfance, abus, violences vécues…). D’autres aspects de la vie de la femme sont évoqués, comme la sexualité, son état psychologique ou encore la présence de comorbidités (fibromyalgie, syndrome du côlon irritable…).
Dans un second temps, un examen gynécologique est pratiqué pour le diagnostic différentiel. Le professionnel vérifie ainsi l’absence d’une autre maladie, notamment la candidose ou la carence en œstrogènes, pathologies avec lesquelles la vulvodynie est souvent confondue. Le médecin doit écarter toutes les causes pouvant être responsables des douleurs vulvaires, telles que :
- Les maladies inflammatoires comme le lichen plan ;
- Les lésions de la vulve (cicatrices) ;
- Des infections sexuellement transmissibles comme l’herpès génital ;
- Des lésions précancéreuses, etc.
Pour savoir s’il s’agit d’une vulvodynie provoquée, le médecin procède au test du coton-tige ou Q-tip test. Le professionnel réalise des pressions sur différentes zones de la vulve. Si une pression d’ordinaire indolore provoque une douleur chez la patiente, le diagnostic de vulvodynie provoquée peut être évoqué.
Quels sont les facteurs associés à la vulvodynie ?
Huit facteurs potentiels sont associés à la vulvodynie :
- Les hormones ;
- L’inflammation ;
- Des troubles musculosquelettiques (suractivité des muscles du plancher pelvien) ;
- Des facteurs génétiques ;
- Un contexte psychologique ;
- Des anomalies structurales (prolapsus génital) ;
- Les comorbidités (syndrome de la vessie douloureuse, troubles temporo-mandibulaire) ;
- Des mécanismes neurologiques.
Les candidoses récurrentes sont également associées aux vulvodynies.
Quels sont les traitements disponibles pour la vulvodynie ?
La prise en charge de la vulvodynie est pluridisciplinaire. Elle doit aussi être individualisée. Dans un tiers des cas, des régressions spontanées de la douleur ont lieu.
Approche médicale
L’approche médicale englobe des médicaments topiques, oraux, voire des injections. Les médicaments utilisés pour soigner la vulvodynie sont ceux qui possèdent les propriétés neurotropes des antidépresseurs, agissant sur le système nerveux. L’amitriptyline reste le traitement de premier choix, mais il n’est pas toujours bien supporté par les patientes.
Si la vulvodynie s’accompagne de sécheresse vaginale, le médecin peut prescrire des hydratants locaux, de type crèmes ou œstrogènes. Lors des rapports sexuels, des lubrifiants peuvent être utilisés. Pour diminuer la douleur, un anesthésique local peut être appliqué plusieurs fois par jour. Par ailleurs, des antalgiques à prendre par voie orale sont parfois proposés.
Une technique spécifique d’injection d’acide botulique A a été mise au point au CHU de Besançon. Les résultats de l’étude clinique Vestibule, menée par le Dr Fabien Pelletier, ont démontré une efficacité significative de l’acide botulique A chez les patientes présentant une vulvodynie provoquée. Non seulement ce traitement peut désormais être intégré à la prise en charge dans ce type de vestibulite, mais c’est aussi une alternative à la chirurgie.
La chirurgie
La chirurgie est envisagée dans certains cas de vulvodynie provoquée sévère ne répondant pas aux autres traitements. Il s’agit de l’exérèse localisée ou de vestibulectomie. La place de la chirurgie en cas de vulvodynie est discutée au cas par cas. Par ailleurs, le recours à la chirurgie se raréfie, en raison des avancées thérapeutiques.
Les thérapies physiques
La rééducation pelvienne avec biofeedback est l’une des techniques alternatives possibles. Il s’agit d’une méthode d’électrostimulation qui aide la patiente à savoir quand détendre et contracter ses muscles. Il existe d’autres alternatives, comme la thérapie cognitive comportementale, qui aide à accepter et à mieux vivre avec les douleurs. La rééducation périnéale et pelvienne présente également un intérêt certain dans la prise en charge de la vulvodynie. Ces techniques permettent aux femmes de réduire la douleur en cas de vestibulite vulvaire, mais aussi de reprendre une activité sexuelle.
Les approches alternatives
D’autres approches peuvent compléter la prise en charge et aider à réduire ou à mieux gérer la douleur vulvaire. Il s’agit, entre autres, du yoga, de la relaxation, de l’hypnothérapie et de l’acupuncture. L’acupuncture a démontré un intérêt chez 9 patientes sur 12, dont deux se sont senties guéries et trois ont ressenti une amélioration de leurs symptômes. Les résultats suggèrent toutefois que les effets bénéfiques de l’acupuncture sur les douleurs vulvaires peuvent également être favorisés par le contact régulier entre le praticien et la patiente.
Le soutien psychologique et émotionnel
Que ce soit au niveau des causes ou des conséquences, il existe toujours une dimension psychologique et émotionnelle en cas de vulvodynie. Cet aspect n’est pas toujours évoqué lors de la première consultation médicale, mais il mérite d’être approfondi, selon le CNGOF. Une prise en charge par un psychothérapeute ou un sexologue est ainsi souvent proposée.
Quel impact sur la population féminine ?
La vulvodynie touche environ 8 % des femmes. Elle a un impact sur sa vie sexuelle et sa vie en général.
Certaines femmes ont toujours mal, ce qui peut impacter leur qualité de vie et guider leur choix sportif : l’équitation ou la bicyclette sont des activités inconfortables pour elles. La vulve douloureuse impacte la vie des femmes, mais aussi du couple. Les patientes ont moins de désir sexuel par crainte de la douleur, ce qui entraîne également une diminution du plaisir. Au niveau émotionnel, la vulvodynie a des répercussions sur l’estime de soi et sur sa propre image du corps. L’épanouissement général peut être altéré.
Vivre avec la vulvodynie
Pour vivre avec une vulvodynie et soulager les douleurs vulvaires au quotidien, plusieurs mesures simples peuvent être appliquées.
Parmi les mesures citons :
- Éviter les toilettes génitales trop fréquentes ;
- Ne pas pratiquer la douche vaginale ;
- Utiliser un savon à pH physiologique (5,5) pour la toilette intime ;
- Privilégier, avec l’accord de son médecin, une contraception à base d’œstrogènes ;
- Hydrater le vagin avec des produits pharmaceutiques de type ovule ;
- Éviter les relations sexuelles en cas de douleurs ;
- Gérer son stress : activité physique, méditation…
- Contrôler ses émotions : la sophrologie par exemple.
Si vous avez des douleurs vulvaires, n’hésitez pas à en parler à votre médecin. Aucun sujet n’est tabou pour les professionnels de la santé. Si vous souffrez de vulvodynie et que vous avez besoin d’une prise en charge, votre mutuelle peut sans doute vous aider.