Microbiote intestinal : un rôle préventif dans la sclérose en plaques ?
Le microbiote intestinal a un avenir prometteur dans le domaine de la santé, tant au niveau préventif que thérapeutique. Très étudiée, la flore digestive pourrait impacter l’évolution d’une maladie auto-immune neurologique : la sclérose en plaques.
Comprendre la sclérose en plaques (SEP)
La sclérose en plaques est une maladie auto-immune qui touche environ 110 000 Français.
Qu’est-ce que la Sclérose en plaques ?
Une maladie auto-immune est le dysfonctionnement du système immunitaire du patient, chez qui l’organisme s’attaque à ses propres cellules. Dans le cas de la sclérose en plaques (SEP), l’organisme attaque la gaine de myéline, la membrane entourant les axones. Le rôle de la gaine de myéline est d’assurer la bonne conduction nerveuse et le bon fonctionnement des neurones. À terme, la gaine de myéline est altérée. Des lésions se forment en plaques dans le système nerveux central, ce qui entraîne une dégénérescence des axones.
Causes et symptômes de la SEP
Les causes de la SEP sont encore mal connues, mais la recherche scientifique est active. La susceptibilité génétique, les éléments environnementaux (niveau d’ensoleillement insuffisant, tabagisme, polluants respiratoires…) et le microbiote intestinal sont des facteurs de risque potentiels et actuellement étudiés.
Les symptômes de la SEP sont nombreux et variés, incluant des troubles :
- Moteurs ;
- De la sensibilité ;
- Visuels ;
- De l’équilibre ;
- Urinaires et sexuels ;
- Cognitifs.
Deux formes d’évolution existent :
- Forme rémittente : évolution par poussée ;
- Forme progressive d’emblée : aggravation lente et continue des symptômes neurologiques.
La sclérose en plaques est la première cause de handicap sévère non traumatique chez le jeune adulte.
Le microbiote : un acteur clé de la santé humaine
Le microbiote suscite un intérêt croissant dans le domaine de la recherche scientifique et dans le milieu médical.
Le microbiote ou flore intestinale est l’ensemble des micro-organismes qui peuplent nos intestins : près de 50 000 milliards de cellules, ce qui représente entre 1 et 2 kg par personne. Le microbiote est propre à chacun, à l’instar des empreintes digitales.
Le microbiote intestinal a trois principales fonctions : barrière, métabolique et immunitaire. Il a aussi bien un rôle protecteur qu’un rôle pathogène. La flore intestinale joue un rôle fondamental dans la digestion des aliments, assure son propre métabolisme grâce aux fibres alimentaires et permet la fermentation des substrats. Le microbiote immature du bébé se développe au fil des années. Il éduque le système immunitaire en l’aidant à reconnaître les agents pathogènes des microorganismes commensaux.
Le microbiote a encore beaucoup à nous apprendre. Ce que nous savons, c’est que certains facteurs influencent la santé du microbiote, surtout l’alimentation et notre mode de vie. Une alimentation déséquilibrée altère la qualité de notre microbiote, qui va perdre de sa diversité et de sa richesse. Nous parlons de dysbiose, pouvant favoriser la survenue de certaines maladies, dont potentiellement la sclérose en plaques.
Microbiote et sclérose en plaques : quel lien ?
Les études scientifiques suggèrent un lien possible entre microbiote et évolution de la sclérose en plaques.
Nous savons qu’un lien bidirectionnel existe entre le cerveau et les intestins. En effet, les études portent à croire que notre flore intestinale interagit avec notre système nerveux central. Par ailleurs, le microbiote a un rôle de régulateur dans les réponses inflammatoires de l’organisme. Dans les pathologies neuro-inflammatoires comme la sclérose en plaques, le rôle du microbiote fait l’objet de recherches pour être mieux décrit. Les recherches portent à croire que la dysbiose observée dans la SEP pourrait avoir un impact dans la pathogenèse de la maladie.
Les récentes études, relayées par France Sclérose en Plaques, dévoilent en effet que certains types de microbes digestifs rendent perméable la barrière hémato-encéphalique (BHE) à des substances nocives.
D’autres ont mis en évidence un lien d’influence entre certains métabolites issus de la dégradation de certains aliments et modulation de la réponse inflammatoire dans le cas de la sclérose en plaques.
Une interdépendance complexe entre l’alimentation, le microbiote et le système immunitaire pourrait mener à une susceptibilité de la SEP. D’autre part, l’évolution de la SEP serait influencée par les réponses inflammatoires induites par le microbiote intestinal.
Maintenir un microbiote sain pour réduire les risques de SEP
Maintenir l’équilibre de son microbiote permet de prévenir certaines affections, et peut-être l’évolution de la SEP.
Le rôle de l’alimentation
Si nous partons sur l’hypothèse que le microbiote peut influencer les risques de sclérose en plaques, il faut alors miser sur une bonne alimentation. Dans tous les cas, l’alimentation est notre première médecine préventive. Une alimentation équilibrée favorise l’homéostasie cérébrale ainsi que l’eubiose (équilibre de la flore intestinale). Pour un microbiote sain, un régime anti-inflammatoire est recommandé :
- Fibres alimentaires ;
- Légumes ;
- Fruits ;
- Poissons, crustacés.
Le régime méditerranéen offre de bonnes bases à suivre pour augmenter sa production de facteurs anti-inflammatoires et pour augmenter la diversité bactérienne.
Zoom sur les probiotiques
Les probiotiques aident dans certains cas à rééquilibrer le microbiote digestif, après un traitement par antibiotiques par exemple. Les souches de probiotiques mises sur le marché via les compléments alimentaires ne sont pas toujours testées. Les bénéfices d’une souche font parfois l’objet d’extrapolation. Par ailleurs, nous avons la chance de pouvoir trouver naturellement des probiotiques dans notre alimentation :
- Produits laitiers : yaourts fermentés, au lait cru ;
- Boissons fermentées : kéfir, kombucha… ;
- Produits dérivés du soja : tempeh ;
- Miso ;
- Légumes marinés : olives, cornichons ;
- Choucroute ;
- Levure de bière ;
- Vinaigre de cidre.
Nos conseils pratiques
Des habitudes de vie saine aident à maintenir l’équilibre de notre microbiote intestinal.
Pour garder un microbiote sain, il faut limiter sa consommation d’aliments pro-inflammatoires, tels que les viandes rouges transformées, les aliments trans, sucrés et salés. Ces aliments induisent une augmentation de la perméabilité de la BHE et des intestins.
Il convient également chez les personnes à risque d’éviter le tabac et d’agir sur le stress. Renforcer naturellement son système immunitaire est également possible, pour retrouver de la vitalité. Chez les personnes à risque, un suivi médical sera apprécié afin de recevoir des conseils avisés.