Quand on entend parler de pesticides, on pense immédiatement aux produits qu’utilisent les agriculteurs pour protéger leurs cultures ou lutter contre les insectes et les mauvaises herbes. Mais en fait, le terme “pesticide” est un terme générique qui regroupe les produits phytopharmaceutiques, les produits zoo sanitaires, mais aussi de nombreux produits à usage domestique. On en trouve donc partout autour de nous. Sont-ils dangereux pour notre santé ? Est-ce que les pesticides naturels permettant la production de produits bio sont moins nocifs ? Comment agir ? Nos conseillers Laprevention.fr ont mené l’enquête.
Pesticides, de quoi parle-t-on ?
Le terme pesticide regroupe plusieurs produits utilisés pour la prévention ou l’élimination d’organismes jugés indésirables (plantes, animaux, insectes, champignons ou encore bactéries).
Les produits sont ainsi utilisés pour des usages très variés autant dans le cadre professionnel que dans notre environnement quotidien (spray insecticides, prises anti moustique ou encore les traitements contre les puces et les tiques pour nos animaux de compagnie).
En France, les pesticides les plus utilisés sont les herbicides (41 % dont le très controversé glyphosate), les fongicides (36 %) et les insecticides (11 %).
Cependant, l’utilisation de pesticides n’est pas anodine. Ce sont des produits qui doivent être utilisés avec modération et prudence afin de garantir la sécurité des utilisateurs, des consommateurs et des travailleurs. Sans oublier, bien entendu, de préserver notre environnement.
Les pesticides : pourquoi sont-ils nocifs pour notre santé ?
L’utilisation des pesticides peut avoir des effets néfastes sur notre santé. Cela dépend cependant du type de pesticide, des produits chimiques qu’il contient, de la quantité et de la durée d’exposition.
Certains effets suite à l’exposition d’un pesticide se font sentir immédiatement (toux, nausées…). Mais certains symptômes apparaissent plusieurs heures après l’exposition voire plusieurs années pour d’autres, comme certains cancers.
La plupart des symptômes, (notamment la toux ou une irritation de la gorge par exemple), dus à l’exposition d’un pesticide s’arrêtent dès que la personne n’est plus exposée. Mais d’autres prennent plus de temps (vomissements, confusion).
Ce qui est très préoccupant pour la santé, c’est que les personnes exposées de façon régulière à des pesticides, notamment dans le cadre de leur travail, peuvent avoir des réactions sur du long terme. Certaines maladies provoquées par les pesticides sont d’ailleurs reconnues comme maladies professionnelles. C’est pourquoi il est recommandé de faire un bilan de santé régulier et d’informer le médecin des pesticides auxquels on est exposé.
Comment les pesticides agissent sur notre santé ?
La rencontre avec les pesticides
Les pesticides peuvent entrer dans l’organisme de plusieurs façons :
- contact dermique (la peau ou les yeux) : dans beaucoup de situations, l’absorption par la peau des pesticides est très courante. Il suffit d’être éclaboussé lors de l’application du pesticide. Ou encore tout simplement par contact avec des vêtements de protection sur lesquels sont restés des résidus de pesticides. En cas d’éclaboussures dans les yeux, il faut aller consulter rapidement un médecin, car les pesticides peuvent endommager l’œil.
- par inhalation : respirer des pesticides est fréquent si on travaille près de poudres, gouttelettes qui restent en suspension dans l’air ou de vapeurs diverses.
- par ingestion : c’est l’exposition la moins courante, mais qui donne lieu aux intoxications les plus graves. Généralement l’ingestion est accidentelle (pesticide versé dans une bouteille non étiquetée par exemple). Les personnes qui manipulent des pesticides peuvent également en ingérer en mangeant s’ils ont oublié le lavage des mains.
Les effets des pesticides sur notre santé
Les effets sont variables en fonction de la quantité et de la façon dont le pesticide a pénétré dans l’organisme, du type de pesticide, car certains sont plus nocifs que d’autres.
L’intoxication peut être légère et déclencher alors un ou plusieurs symptômes : toux, nausées, migraines, irritation des voies nasales, de la gorge ou des yeux, diarrhée, sensation de soif…
Pour une intoxication modérée, les symptômes peuvent être : vomissements, crampes abdominales, toux, vision trouble, accélération du pouls, tremblements, confusion, faiblesse…
Enfin, l’intoxication grave peut déclencher : une difficulté ou une incapacité à respirer, un rétrécissement des pupilles, des brûlures sur la peau, une augmentation du rythme respiratoire, des secousses musculaires, une perte de conscience et dans les cas les plus graves, la mort.
Les produits bio sont-ils la solution aux pesticides ?
C’est une question qui se pose forcément, face à l’abondance des pesticides dans notre entourage, que ce soit au niveau de l’agriculture ou de certains produits domestiques. Mais finalement c’est quoi un produit bio ?
Un fruit ou un légume labellisés bio ont été cultivés selon les normes de l’agriculture biologique. C’est-à-dire qu’aucun pesticide ni autre produit chimique de synthèse n’a été utilisé pendant la culture. Pas de fertilisants naturels, herbicides chimiques ajoutés. On les reconnaît à l’étiquette portant le sigle AB.
Mais pourtant l’agriculture bio utilise des pesticides. La différence est qu’ils sont issus de matières naturelles. On trouve des matières comme les composts et les fumiers, mais aussi des pesticides comme le chlorure de sodium, le sulfate de magnésium ou encore le sulfate de cuivre et bien d’autres. Autre point important : en agriculture biologique, l’emploi de pesticides naturels n’est pas autorisé de façon préventive mais uniquement dans le cas où les cultures sont affectées par des maladies ou des ravageurs.
Certaines substances comme le cuivre ou le soufre sont naturelles, mais rien ne nous assure qu’elles sont sans conséquences, ceci en fonction des dosages.
Mais soyez rassurés, car les produits provenant de l’agriculture biologique sont quand même bien meilleurs pour la santé que leurs semblables cultivés de façon traditionnelle. Début 2022, en France, la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes), a entamé un travail d’analyse qui montre, sur des échantillons prélevés en 2019 et 2020, que 8.8 % des fruits et légumes bio contiennent des résidus de pesticides, soit 8 fois moins que l’agriculture conventionnelle (63, 1 %).
Quelques actions locales de prévention
Pour valoriser les collectivités et les aider dans la réduction de l’usage des pesticides, la démarche et le label “Terre Saine communes sans pesticides” a été mise en place par le Ministère de l’Ecologie en 2015.
Le label valorise la démarche “zéro pesticide” dans les espaces communs des communes et collectivités territoriales et récompense les communes les plus exemplaires. Plus de 5000 communes sont déjà engagées dans la démarche de réduction des pesticides sur leurs espaces verts. Pour les aider, des chartes régionales leur donnent accès à un accompagnement personnalisé afin de réduire l’usage des produits phytosanitaires.
En 2021, plus de 200 nouvelles collectivités se sont vues décerner le label « Terre Saine ». Ce qui fait au total 728 collectivités labellisées qui n’utilisent plus de pesticides, de produits phytosanitaires et d’anti-mousses biocides sur les trottoirs, depuis au moins un an. Un très bel effort pour la santé de tous !