Le bruit, appelé aussi pollution sonore, est malheureusement une nuisance présente partout dans notre vie quotidienne. Chaque personne a une sensibilité différente et donc une perception différente du bruit. Cependant, nous y sommes tous confrontés dans le monde du travail. Quelles peuvent être les nuisances sonores au travail ? Quels effets peuvent-ils avoir sur notre santé ? Comment peut faire l’employeur pour prévenir cette pollution sonore ? Nos conseillers LaPrevention.fr font le point.
Les sources de nuisances sonores au travail
On considère que le seuil de tolérance au bruit, pour une durée de 8 heures par jour, est de 80 décibels. Au-delà, la santé auditive est en danger.
Il existe plusieurs sources de bruit au travail, certaines plus fréquentes ou plus fortes que d’autres.
Les sources liées à l’environnement de travail
Les bruits liés à notre « ambiance » de travail sont parfois difficilement supportables toute une journée. Sans être trop forts, ils sont souvent répétitifs, ce qui à force fatigue l’organisme. C’est le cas par exemple du travail en open-space : toute la journée, on entend les discussions des collègues, les sonneries de téléphone, le bruit des ordinateurs, etc… Cette nuisance ambiante se retrouve également lors de travail en usine, avec souvent un bourdonnement en bruit de fond dû majoritairement aux machines.
Les sources liées au métier
Il existe des métiers à risque où le bruit est monnaie courante. Ces métiers nécessitent une protection au niveau des oreilles : cela concerne essentiellement le bâtiment ou les travaux publics, le secteur de l’industrie… Mais on retrouve aussi ces nuisances sonores dans des métiers auxquels on pense moins et qui sont malgré tout soumis à des bruits au-delà de 80 décibels : ce qui est le cas par exemple pour des personnes travaillant en discothèque, dans les bars, mais aussi pour les musiciens ou les dentistes.
Les employés sont alors victimes de ce qu’on appelle des sources directes de bruit : utilisation de machines ou d’outils bruyants ou encore le bruit de certains véhicules, etc…
Il est donc important de protéger les travailleurs du bruit pour éviter une surdité précoce.
Les effets des nuisances sonores sur le lieu de travail
Le bruit fait partie de notre vie et d’ailleurs, vivre sans aucun bruit est difficilement supportable. Cependant, certaines situations sonores, notamment sur le lieu de travail peuvent s’avérer néfastes pour la santé. Et cela concerne beaucoup de secteurs professionnels et non plus seulement les secteurs industriels, souvent associés aux métiers bruyants.
Le bruit au travail peut alors être la cause :
- d’une diminution de la concentration : un travailleur affecté par un bruit peut avoir du mal à finaliser un travail, en raison de la nature du bruit (volume, fréquence)
- de stress : en fonction du ressenti de chacun, certaines situations sonores sont stressantes, d’autant plus si elles perturbent l’organisation de travail
- d’une perte ou un trouble de l’audition : au-delà de 80 décibels sur une journée de 8 heures, il y a un vrai risque d’avoir des troubles auditifs
- d’un risque accru d’accidents : le bruit peut couvrir le son émis par un danger, une alarme ou distraire les travailleurs
- d’une fatigue importante : trop de bruit favorise une fatigue mentale, une lassitude au travail
- etc…
La réglementation sur le bruit au travail
Le bruit au travail fait partie des risques professionnels au même titre que tout autre risque, dont les principes généraux sont dictés par le Code du Travail, notamment l’article L4121-2.
Quels sont les seuils de danger ?
Selon l’INRS, (Institut National de Recherche et de Sécurité), il existe 3 seuils d’exposition, en fonction du niveau d’exposition aux bruits (exposition moyenne quotidienne ou exposition instantanée aux bruits très courts) :
- La Valeur d’exposition inférieure déclenchant l’action ou VAI : c’est le niveau le plus bas qui déclenche les premières actions de prévention, soit :
- 80 décibels pour une exposition moyenne (niveau d’un restaurant bruyant avec musique)
- 135 décibels pour une exposition instantanée (réacteur d’un avion au décollage)
- La Valeur d’exposition supérieure déclenchant l’action ou VAS : deuxième seuil qui déclenche des actions plus importantes. Des actions correctives doivent être mises en œuvre. Cela correspond à :
- 85 décibels pour une exposition moyenne (un trafic routier dense)
- 137 décibels pour une exposition instantanée (explosion)
- Enfin, la Valeur limite d’exposition ou VLE : seuil qui ne doit pas être dépassé. Ce seuil prend en compte (contrairement aux deux précédents), l’atténuation de bruit apportée par des équipements de protection individuels, soit :
- 87 décibels pour une exposition moyenne (un bord d’autoroute ou une imprimerie)
- 140 décibels pour une exposition instantanée (coup de feu)
Quelles sont les obligations de l’employeur ?
L’employeur doit veiller à la santé et à la sécurité de ses salariés. Cet engagement passe par de la prévention, notamment en ce qui concerne les nuisances sonores au travail, qui font partie des risques professionnels au travail.
L’employeur doit donc mettre en place des actions de préventions telles que :
- l’évaluation du niveau sonore (en fonction du poste de travail)
- la recherche de la source du bruit pour essayer de les éviter
- l’information des salariés (notamment les nouveaux salariés ou en cas de changements de poste)
- la formation les salariés (protection)
- la prise de mesures de protection collectives et/ou individuelles en fonction du poste ou du lieu de travail
Tout cela doit être consigné dans le DUERP (Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels), document obligatoire dans toute entreprise. Suite à l’établissement de ces mesures de prévention, l’employeur peut ensuite mettre en place un plan d’action en définissant les mesures de protection appropriées en fonction des risques identifiés.
La prévention du bruit au travail
Comme vu ci-avant, il existe différentes sources de bruit. Il est donc important de les identifier pour adopter la meilleure solution.
Identifier les sources de nuisances sonores
Les nuisances sonores peuvent être :
- aériennes : le bruit se propage dans l’air à partir d’une source sonore (voix, musique…). Il s’agit souvent ici de nuisances d’ambiance.
- liées à un impact : la vibration est créée par un choc direct entre deux éléments et se propage à travers ceux-ci (un mur, un sol/plafond…).
- ou encore émises par des équipements : la vibration est créée par une machine, un outil et se propage à travers les bâtiments (mur, plancher…)
Quelle que soit sa source, le bruit ne suit pas nécessairement un itinéraire précis lorsqu’il se propage. Il peut rencontrer des obstacles et être atténué ou au contraire être amplifié.
Mesurer le potentiel danger du bruit
L’une des premières étapes pour savoir si le bruit est un potentiel problème, consiste à repérer quelques indicateurs de niveau sonore dangereux :
- des bruits supérieurs à ceux d’une circulation routière intense
- besoin d’élever la voix pour se faire entendre à un mètre de distance d’une autre personne
- un besoin d’augmenter le volume d’un appareil de radio ou autre, pour mieux entendre (environ ¼ d’heure après le début du travail)
- entendre un bourdonnement ou un tintement dans l’oreille après avoir quitté le travail
Sur le lieu de travail, il est ensuite possible de mesurer le bruit grâce à différents instruments afin de voir quels sont les postes de travail où le bruit est excessif et par conséquent les salariés exposés à des niveaux sonores susceptibles d’être dangereux pour leur santé et leur sécurité. Des mesures de lutte contre le bruit peuvent alors être mises en place.
Les principaux appareils de mesure de bruit au travail sont :
- L’audiodosimètre : composé d’un boîtier et d’un microphone placé le plus près possible de l’oreille, travailleur mobile porte cet équipement à la ceinture durant une journée de travail.
- Le sonomètre, qui mesure le niveau de bruit en décibels, à un moment T et dans un lieu particulier. Il se compose d’un microphone, de circuits électroniques et d’un affichage.
- Enfin, le sonomètre intégrateur, semblable à un audiodosimètre, mais qui est plus précis.
Prévenir vaut mieux que guérir
La prévention, l’information et des mesures de protection individuelles ou collectives des salariés sont la bonne solution pour garantir aux travailleurs une bonne santé, mais contribue également à une bonne productivité, sans perte de vigilance ou de concentration. Ce qui engendre, par conséquent, moins de risques d’accidents professionnels.