Le bégaiement n’est aucunement une maladie : il s’agit d’un trouble de l’élocution, qui se traduit, lorsque l’on cherche à communiquer, par une allocution perturbée : flux ou rythme de la parole sont alors dissonants. Quels sont les différents types de bégaiement ? Avec quelles causes et quels symptômes ? Pour quelles conséquences sur le quotidien ? Vers quels professionnels de santé (et institutions) se tourner pour y remédier ?
Être bègue n’empêche en rien de se réaliser, ni même d’être Roi, tel George VI l’ayant démontré lors de son discours. Nos conseillers LaPrevention.fr prennent donc la parole sur le sujet et vous éclairent sur ce trouble complexe où l’empathie et l’écoute sont sans conteste.
Les causes et facteurs de risque du bégaiement : santé & environnement
Abordons les différentes raisons liées au bégaiement chez un individu, et ce, de la biologie à son environnement.
Les facteurs génétiques liés au bégaiement
Ce trouble touchant 1% des Français – soit environ 650 000 personnes – peut être héréditaire puisqu’un enfant à 3 fois plus de prédispositions de développer un bégaiement si l’un de ses parents est lui-même touché.
Côté biologie, ce trouble peut provenir d’une anomalie comme une mauvaise régulation dopaminergique, une lésion cérébrale, un dysfonctionnement au niveau du système nerveux central ou encore du système auditif.
À savoir : le bégaiement touche 3 à 4 fois plus les sujets masculins et apparaît généralement entre 2 et 5 ans.
Les facteurs environnementaux et psychologiques engendrant le bégaiement
Dans le cas d’une arrivée plus tardive du bégaiement chez l’adolescent et l’adulte, certains accidents de la vie peuvent en être la cause comme un traumatisme cérébral ou un choc émotionnel.
Certaines fractures psychiques peuvent aussi être responsables d’un bégaiement. Ces bouleversements (comme un deuil ou un contexte affectif difficile) engendrent anxiété, voire un stress important, et sont susceptibles de déclencher un trouble de la parole.
À savoir : quelqu’un de bileux, perfectionniste, hypersensible ou encore bilingue (exigeant l’alternance régulière de deux langues au sein d’une même famille) est plus prédisposé à développer un trouble de la parole.
Quels sont les symptômes du bégaiement ?
Découvrons comment se manifeste le bégaiement (décelé ou caché) chez une personne : blocages, répétitions – hésitations, et manifestations physiques.
Perturbation du rythme de la parole, fluidité chagrinée
Il y a une différence entre hésiter et buter sur un mot. Les personnes bègues ne recherchent pas leurs termes, ils éprouvent une difficulté à les formuler. Cela peut se traduire par la répétition de certaines syllabes, un blocage en début de mot, la prolongation de sons ou la répétition de mots alibis (“euh”).
Le bégaiement se répercute sur tout le corps
Lorsqu’une personne bégaie, les muscles du larynx se figent et bloquent les sons au niveau des cordes vocales. Au niveau des lèvres, une sursollicitation peut les faire se contracter et les mots en sont alors “hachés”. La respiration peut aussi être irrégulière en plus de voir les muscles (visage et corps) se crisper ou effectuer des mouvements involontaires (TIC, soubresauts…).
Les différents types de bégaiement
Au nombre de trois, tâchons d’identifier les différentes formes de bégaiement.
#1 Le bégaiement développemental
Comme son nom l’indique, il se manifeste au stade du développement : lorsque les enfants acquièrent la capacité de parler et peut être transitoire (pour 75% des cas) ou bien persistant jusqu’à l’âge adulte.
#2 Le bégaiement neurogénique
Suite à une lésion, une blessure ou une paralysie cérébrale, le bégaiement neurogène survient après un traumatisme physique sévère.
#3 Le bégaiement psychogène
Aussi appelé psycho émotionnel, ce type de bégaiement n’a pas de source organique : il apparaît soudainement, suite à un choc psychique.
Les conséquences du bégaiement au quotidien
Abordons les impacts du bégaiement sur les plans sociaux, professionnels et personnels.
Difficultés professionnelles/scolaires face au bégaiement
Un enfant bègue peut subir un retard de la parole ou bien des difficultés à se concentrer. La compréhension, l’ajustement, et l’accompagnement en milieu scolaire sont donc primordiaux.
Pour les adultes, certains choix professionnels sont pris en connaissance de cause comme le fait de devoir prendre la parole en public ou de s’exprimer par téléphone d’où un possible sentiment de frustration et de perte de confiance en soi.
Contrariétés sociales/relationnelles lorsque l’on est bègue
Éprouver des difficultés à communiquer peut engendrer l’isolement de la personne bègue, une forme de honte, de rejet, ou encore provoquer des moqueries. Le bégaiement se transforme alors en véritable handicap. Il peut être compliqué de s’affirmer et de se faire entendre par les autres d’où l’importance des campagnes de sensibilisation et d’informations.
L’estime de soi malheureusement entaché par le bégaiement
Une personne bègue peut douter de ses capacités, appréhender une situation, et des facteurs aggravants comme le stress peuvent envenimer la peur de s’exprimer ou créer une gêne à parler. La gestion des émotions et le soutien de l’entourage sont gage de réussite afin d’outrepasser le bégaiement et la confiance en soi.
Les traitements du bégaiement : thérapies & médecine douce
Quels sont les parcours de soins appropriés pour aider une personne bègue et vers qui se tourner pour y remédier ?
Les thérapies comportementales et cognitives
Il n’y a pas de médicaments spécialement préconisés pour traiter le bégaiement. On parle plus de thérapies que de remèdes médicamenteux. Le parcours de soins est dispensé par un orthophoniste (rééducation de la parole). Son rôle est d’apporter conseils au patient et à sa famille pour atténuer les troubles de l’élocution et de se réapproprier sa propre voix. L’accompagnement d’un phoniatre (spécialiste de la fonction du larynx) peut également renforcer le parcours de soins.
À savoir : la prise en charge par un orthophoniste peut s’accompagner d’un suivi psychologique si le patient en ressent le besoin ou bien de stages intensifs.
Les techniques de gestion du stress et de l’anxiété peuvent aider
Le bégaiement est souvent fluctuant et s’accentue en cas d’excitation ou de stress. Plus la personne se sent confiante, moins elle éprouve de difficultés à s’exprimer. Plusieurs alternatives peuvent aider les personnes bègues comme les médecines complémentaires telles que la musicothérapie ou la sophrologie.
Certaines techniques aident aussi les patients à s’apaiser, contrôler leur respiration, et maîtriser leur débit de parole comme la lecture à voix haute, le théâtre ou encore le chant.
À savoir : connaissez-vous l’institution de soutien ”groupe bégaiement self help” ? À travers des articles, conférences, et réunions, cet organisme parle du bégaiement sans tabou !
La prise en charge du bégaiement chez l’enfant
L’accompagnement des plus jeunes dans le bégaiement passe en premier lieu par la sphère familiale et la patience de chacun.
Les approches thérapeutiques adaptées pour un enfant bègue
Le renforcement positif ainsi que le travail parent-enfant sont encouragés par la méthode Lidcombe. Ce programme très structuré, créé il y a une vingtaine d’années, repose sur l’encouragement parental de la parole fluide envers l’enfant.
L’accompagnement familial, social et scolaire : compréhension et patience
Bien se comporter face à une personne bègue est essentiel pour communiquer et respecter cette dernière. Voici quelques bons réflexes à adopter :
- ne pas faire remarquer les répétitions, les mentionner
- ne pas conseiller de ralentir le débit de parole
- ne pas compléter les phrases inachevées
- s’adresser à la personne calmement et en lui parlant doucement
Les moyens de préventions du bégaiement & l’association APB
Hormis la cohésion familiale et la sérénité, il n’y a malheureusement pas de remèdes pour prévenir le bégaiement. Le plus important est de le détecter rapidement, d’être épaulé par son entourage, de faire preuve de patience en plus d’être accompagné par des spécialistes de santé.
À savoir : L’Association Parole et Bégaiement accompagne, promeut la recherche, sensibilise, et renseigne les familles sur le sujet.
Le bégaiement n’est ni une faiblesse de caractère ni une maladie mentale, mais bien un trouble de la parole qui peut être géré efficacement avec l’aide de professionnels de santé qualifiés. Être bègue n’est pas une fatalité. La plupart des personnes qui bégaient peuvent améliorer leur discours grâce à des thérapies cognitives et des techniques de gestion du stress ainsi que le soutien de leurs proches.
